Publié le 8 mars 2025 – la version anglaise suit celle-ci
Voilà ma « liste de jeux » de dames. Mes six heures de perles rares. Ma top 100 de chansons 100% féminines. Des morceaux choisis minutieusement d’abord pour mon seul plaisir, celui de fouiller la toile pour y découvrir des musiques que je ne connais pas encore, les liker pour ne plus avoir à les rechercher, puis les écouter à fond une fois, 10 fois, en boucle dans mon automobile ou à la maison sur mes enceintes Jean Maurer.
Cette journée internationale des droits des femmes, selon l’appellation officielle de l’ONU, nous la devons à des héroïnes audacieuses du début du siècle dernier. En ce 8 mars 2025, cette bataille est loin d’être gagnée à l’aube troublante des jours sombres auxquels on nous presse de nous préparer. Cette terre promise des va-t-guerre relèguera forcément le droit des femmes pour ne pas dire les droits tout court aux oubliettes. S’il est impossible de couper la parole aux inlassables discoureurs inaudibles, on peut toujours s’entendre pour monter le son, chanter plus fort qu’eux le temps d’une playlist.
Mes 100 femmes du jour le font passionnément. Priorité à la nouveauté, à quelques exceptions près. Vous ne trouverez pas ici de classiques usés par les ondes radio. Je n’ai pu m’empêcher d’inclure un extrait des répertoires de Nina Simone ou de Joni Mitchell, j’ai biberonné à leurs seins. Elles ont leur place parmi toutes ces talentueuses musiciennes. Plus ou moins connues, 50 ou 5 millions d’auditeurs par mois sur les plateformes, elles ont en commun de me plaire. C’est tout. Dominique, Crystal, Matilda, Ada, Suki, Jeanne, Marie, Ruby, Rachel, Zella, Rozi… ne partagent pas toutes la même langue, le même univers ou la manière d’exprimer leurs états d’âme ou leurs coups au cœur. Elles créent, elles publient, il faut que ça sorte. Et c’est pour notre grand bonheur.
Permettez-moi d’attirer votre oreille vers certaines. Pardonnez-moi de ne pas toutes les citer. Carolina Eyck, musicienne sorabe allemande, maitrise un des plus anciens instruments de musique électronique, le thérémine. Son jeu et ses compositions sont hors normes. La poétesse Kae Tempest, rappeuse qui ne rappe pas, me bouleverse avec ses textes magnifiques et leurs écrins musicaux somptueux. Dans notre jargon, on parle de « musique à l’image » lorsque l’on associe l’une à l’autre. Kae incarne pour moi la « musique à la poésie ». Arooj Aftab, عروج آفتاب, née à Riyadh, originaire de Lahore au Pakistan, artiste chez Verve Records, n’en finit pas de séduire, de franchir les frontières géographiques et culturelles, de rassembler autour de sa musique des peuples et des publics qui d’ordinaire ne s’écoutent pas.
MUJER – FEMMES – 女性 – LADYS – DONNE – FRAUEN- Playlist Spotify – Ma playlist 100% filles du 8 mars 2025 ! 👩 🧍♀️
Je pourrais causer d’elles durant des heures. Je termine, parce qu’il le faut bien, par ce court mais affectueux message à mes petites sœurs québécoises présentes ou absentes de cette liste. « J’ai peut-être été pour certaines d’entre vous une pionnière dans cette industrie, maitresse de ma vie, de mon indépendance, de ma liberté, de mon art et de mon droit d’exister non pas dans l’ombre des hommes mais avec eux. Oui, j’ai beaucoup travaillé avec des hommes. Je partage encore avec eux la scène, l’écriture, la réalisation en studio. J’ai reçu beaucoup d’amour et de respect de ces hommes rencontrés sur ma route. Tantôt louve, tantôt muse, j’ai préféré être créative que créature. Aujourd’hui, c’est vous les filles qui m’inspirez le goût d’écrire les derniers chapitres de ma vie. Soyez fortes, soyez belles et continuez de verser vos larmes brillantes de désir pour l’amour de l’art et de celles et ceux qui aiment votre musique. Vous sublimez nos vies. »
No Taylor Swift on my playlist but, I just received this morning these beautifull records so I inserted the image.
Once upon a time, there were 100 women.
Here is my « liste de jeux de dames », my playlist of ladies. My six hours of rare gems. My top 100 songs, 100% female. Carefully selected tracks, first and foremost for my own pleasure—the joy of scouring the web to discover music I haven’t heard yet, liking them so I never have to search for them again, then blasting them once, ten times, on repeat in my car or at home through my Jean Maurer speakers.
This International Women’s Day, as officially designated by the UN, is owed to the bold heroines of the early last century. On this March 8, 2025, the battle is far from won, as we are being urged to brace ourselves for dark days ahead. In this promised land of warmongers, women’s rights—if not rights altogether—will inevitably be cast aside and forgotten. If it’s impossible to silence the tireless, inaudible speechmakers, we can at least agree to turn up the volume, to sing louder than them for the duration of a playlist.
My 100 women of the day do so passionately. Priority goes to new releases, with a few exceptions. You won’t find overplayed radio classics here. I couldn’t resist including a selection from the repertoires of Nina Simone or Joni Mitchell—I was raised on their music. They belong among all these talented musicians. Some are well-known, some have 50 monthly listeners, others 5 million. What they all have in common is that I love their music. That’s all. Dominique, Crystal, Matilda, Ada, Suki, Jeanne, Marie, Ruby, Rachel, Zella, Rozi… They don’t all share the same language, the same world, or the same way of expressing their emotions or heartbreaks. But they create, they release their work—it has to come out. And that, for us, is pure joy.
Allow me to draw your ear to a few of them. Forgive me for not naming them all. Carolina Eyck, a German Sorbian musician, masters one of the oldest electronic instruments, the theremin. Her playing and compositions are extraordinary. Poet Kae Tempest, a rapper who doesn’t rap, moves me deeply with her stunning lyrics and the magnificent musical settings that accompany them. In our industry, we talk about « music for visuals » when we combine music with imagery. To me, Kae embodies « music for poetry. » Arooj Aftab, عروج آفتاب, born in Riyadh, originally from Lahore, Pakistan, and signed to Verve Records, continues to captivate, crossing geographical and cultural boundaries, bringing together audiences and people who wouldn’t usually listen to one another.
I could talk about them for hours. But I’ll wrap up, because I must, with this short yet affectionate message to my Québécoise little sisters, whether present or absent from this list:
« I may have been a pioneer in this industry for some of you—master of my life, my independence, my freedom, my art, and my right to exist not in the shadow of men, but alongside them. Yes, I’ve worked with many men. I still share the stage, writing, and studio production with them. I have received much love and respect from the men I’ve met along the way. Sometimes a she-wolf, sometimes a muse, I have always chosen to be creative rather than a mere creature. Today, it is you, young lady artists, who inspire me to write the final chapters of my life. Be strong, be radiant, and continue to shed your brilliant tears of passion—for the love of art and for those who cherish your music. You make our lives more beautiful. »