Par Isabel Authier – Le 7 décembre 2019 – En prévision de son passage dans la région, La Voix de l’Est a passé un coup de fil à Diane Tell pour prendre de ses nouvelles. Morceaux choisis de cet entretien avec l’artiste qui promène son nouvel album Haïku aux quatre coins de la Francophonie.
Libre
Farouchement indépendante, Diane Tell l’a toujours été. Pour elle, la liberté est synonyme de désir et le plaisir. «La liberté et l’indépendance sont pour moi les deux ingrédients essentiels à l’artiste. Je ne dis pas que j’ai la bonne formule, mais c’est celle qui me convient.»
«Je n’ai jamais été contrainte de rien. L’important, c’est de garder le contrôle de ses affaires, tout en partageant. Et lorsque les gens n’ont plus envie de travailler avec toi, tu passes à autre chose, tout simplement.»
Elle qualifie notre époque musicale de «monde transitoire» dont il faut profiter. Pour les artistes, dit-elle, le moment est idéal de se prendre en mains au lieu d’être pris en charge. De faire les choses différemment dans cet univers «totalement chamboulé par le numérique». «Ça nous met en danger, ça brise les vieilles façons de faire. Ce n’est pas mauvais en soi.»
Spectacle à Waterloo
Son dernier spectacle officiel de 2019, elle le présentera ce samedi à la Maison de la culture de Waterloo. Un rendez-vous plutôt étonnant, compte tenu de son horaire surtout concentré en Europe par les temps qui courent.
«Pour la sortie de Haïku, j’étais venue au Québec en septembre, mais j’avais ensuite une grosse tournée en Europe en octobre. On n’avait donc pas pu faire toutes les dates chez vous. Là, je reviens pour participer au conseil d’administration de la SOCAN et pour faire un peu de promotion radio. Le 7 décembre convenait donc parmi mes engagements au Canada», explique-t-elle, en confiant revenir avec plaisir dans sa terre natale «cinq ou six fois par année».
Ce concert en formule guitare-voix acoustique permettra au public de découvrir les nouvelles pièces de l’auteure-compositrice-interprète, mariées à ses grands succès, qu’elle assure avoir encore du bonheur à chanter.
«Ce n’est jamais difficile de faire plaisir aux gens. Ils viennent nous voir sur scène aussi pour ça. Je compare ça à un restaurant où j’ai mes habitudes; s’il change la carte, je m’ennuie de mon bar au citron! Un spectacle, c’est comme un menu avec les nouveautés, les plats du jour et les classiques!»
À Waterloo, Diane Tell sera accompagnée en deuxième partie de son complice de longue date, Serge Farley Fortin.
Entre deux avions
Au moment de l’entrevue, mardi, Diane Tell était de passage en France d’où elle prévoyait s’envoler directement en direction du Québec. «Je pars jeudi… si les avions décollent!» a-t-elle dit, alors qu’un annonçait un «jeudi noir» qui pourrait paralyser le pays, en matière de transport notamment.
La chanteuse compte demeurer chez nous jusqu’au 17 décembre, le temps de remplir ses quelques obligations professionnelles. Et même si ses deux frères et sa mère vivent au Québec, elle passera les Fêtes chez elle, «à se reposer».
Le travail bien fait
Malgré l’impression de la voir moins, l’artiste mène allègrement sa barque, ici et en Europe. «On travaille beaucoup. On a fait beaucoup de concerts au Québec, des apparitions télévisées, des spectacles multiartistes, des albums multiartistes aussi», précise-t-elle.
N’allez surtout pas croire qu’entre Rideaux ouverts, paru en 2012, et Haïku, l’artiste a pris une pause. Il y a eu notamment la parution de Passé simple, son album compilation avec des inédits, la préparation de Haïku qui a pris «au moins quatre ans», et la production de nombreux vidéoclips. «Depuis une dizaine d’années, j’en fais beaucoup. Oui, j’aime ce médium, mais j’aime tout ce que fais de façon égale», assure la chanteuse.
Sa priorité, toujours, demeure d’offrir des chansons, des disques et des spectacles de qualité. «Gilberto, Si j’étais un homme… je n’ai pas écrit ces chansons pour faire des tubes qui tourneraient à la radio. C’était même complètement contraire à ce qui se faisait à l’époque. Il faut faire ce qu’on aime!»
Justement. Elle sera des Francos de Montréal en juin prochain pour un spectacle à grand déploiement. Et en mars, elle animera durant tout le mois l’émission dominicale La chaîne musicale à la radio de Radio-Canada. Elle y présentera ses choix musicaux. Qui sont ?
«J’aime beaucoup la musique actuelle, francophone bien sûr, mais pas seulement. Je n’écoute pratiquement que de la nouvelle musique. Je me fais des playlists et j’écoute de nouveaux groupes. Je ne suis pas tellement nostalgique dans mes choix musicaux.»
Nomade, gipsy
Après avoir habité le sud de la France durant un long moment, la Suisse est aujourd’hui son port d’attache, au creux d’un petit village niché au pied des Alpes. Un rêve qu’elle caressait depuis longtemps. «J’avais envie d’habiter dans les montagnes. J’ai un amour particulier pour elles. Je m’y sens bien, c’est mon paysage. Je voulais faire ça depuis toute petite.»
La plus européenne des Québécoises, Diane Tell? «Moi, je me sens comme une nomade. Je vis à l’étranger depuis longtemps. Et quand on vit longtemps à l’étranger, on est étrangère dans son pays aussi. Mais je vis bien avec ça. Ça me correspond. Je suis un peu comme une paysanne qui voyage; je suis une gipsy!»
Portée par ses chansons
Mais peu importe son lieu de résidence, l’aura de Diane Tell au Québec ne semble pas pâlir. Elle explique sa popularité en termes tout simples. «Il y a des chansons qui me portent encore aujourd’hui. Les chansons ont leur vie et deviennent un peu des porte-parole. Et puis, j’ai toujours été très active, notamment avec mes 13 albums studio et tous les autres autour…», fait-elle remarquer.
Faudra-t-il patienter encore huit ans avant d’entendre un nouvel album de Diane Tell? «Je n’en ai aucune idée. On finance tout, on écrit tout, on compose tout, ça prend un peu plus de temps. Je n’ai pas de plan de match. Lorsqu’il y aura un moment de calme, on recommencera à penser à de nouvelles choses.»
Envie d’y aller ?
Quand : ce samedi 7 décembre à 20 h
Où : Maison de la culture de Waterloo
Billets : ovation.qc.ca
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