Star des années 1980, l’interprète de «Si j’étais un homme» avait un rêve: être figurante à la Fête des vignerons. La Valaisanne d’adoption raconte sa vie de coccinelle et son bonheur de vivre en Suisse, «le paradis sur terre».
L’illustré – le 28 Juillet 2019
Photos : Darrin Vanselow
On raconte qu’un jour, il y a bien longtemps, une coccinelle s’est posée sur le cou d’un condamné au moment d’être guillotiné. Le bourreau, attendri, a fait partir l’insecte et a remis sa besogne à plus tard. Entêtée ou clairvoyante, la coccinelle s’est posée une deuxième fois sur le cou du malheureux qui a finalement été gracié. C’est sans doute ce jour-là qu’est née la croyance que la coccinelle porte bonheur.
Diane Tell y croit dur comme fer, en tout cas. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussée à se mettre dans la carapace d’une bête à bon Dieu à la Fête des vignerons et à crapahuter dans les rues de la cité à l’issue de chaque représentation, son harnachement de 11 kilos sur le dos. Une parade de 3 kilomètres, au milieu d’une vingtaine d’acteurs en costumes illuminés évoquant les saisons du vigneron. «C’est vrai qu’après nonante minutes de marche, je suis contente de me délester. Mais tout cela est très bon enfant. Les gens viennent toucher les coccinelles, nous applaudissent. Certains ou certaines me reconnaissent, crient mon prénom, visiblement étonnés», rapporte avec son légendaire sourire la chanteuse, 156 cm sous la toise.
Diane tell dans sa maison Valaisane
«J’ai dû insister pour être bénévole»
Pas étonnant. Qui donc s’attendrait à croiser l’interprète de «Si j’étais un homme», cette ballade poétique classée au patrimoine de la chanson française, ainsi fagotée parmi 5000 autres figurants? «Quand Daniele, que je considère comme le plus grand dans son domaine et avec qui je suis très liée (Daniele Finzi Pasca, le créateur du spectacle, ndlr), m’a parlé de la fête, il y a trois ans, j’ai tout de suite noté les dates dans mon agenda. Puis, au début de cette année, je me suis inscrite comme bénévole. On m’a d’abord répondu que ce n’était pas possible. Mais j’ai tellement insisté qu’on a fini par me proposer la parade. Je n’ai eu ni passe-droit, ni traitement de faveur», souligne la Québécoise, Valaisanne d’adoption depuis qu’elle a posé ses valises à Ayent, au-dessus de Sion, il y a bientôt quatre ans.
Quatre ans de bonheur assure-t-elle, en confiant réaliser un rêve d’enfant. «Gamine, déjà, je me représentais la Suisse et ses montagnes comme un havre de paix. Pour moi, c’était l’adresse du paradis. Et je ne me suis pas trompée», confie Diane Fortin, de son nom de naissance, qui a surfé sur les années 1980 à 90, triomphant à l’Olympia de Paris, aux Francofolies de La Rochelle avec, en guise d’apothéose, le tube de l’opéra-rock de Luc Plamondon, «La légende de Jimmy».
Avec son ami Dominique Aymon, et sa fille Ynaée, en visite surprise dans son coin de paradis d’Ayent, au-dessus de Sion.
«Ici, tout le monde l’adore»
Après vingt-huit ans passés au bord de l’Atlantique, à Biarritz, où elle a vécu avec son mari épicier, avant de divorcer, celle qui fut l’une des premières auteures-compositrices-interprètes du Québec compte bien finir ses jours sur les hauts de la capitale valaisanne. Dans sa ferme de Diane, une maison «verte» aux standards Minergie sans chauffage. Un coin de paradis qui lui a inspiré les douze chansons de son prochain album, le quinzième de sa longue carrière, dans les bacs le 4 octobre prochain. «L’une d’elle s’appelle “Evolène“», note fièrement la chanteuse, dont la voix d’or résonne régulièrement à l’église ou à l’auberge communale, ou encore dans un carnotzet, gratifiant les hôtes de passage d’un concert improvisé. «Ici, tout le monde l’adore. Elle est si simple, si chaleureuse. Elle fait déjà intégralement partie du village», atteste Dominique Aymon, un ami… vigneron.
Acco de Volvo : une passion héritée de son père. Elle possède ce modèle S122 de 1966, qu’elle conduit régulièrement.
La boucle est bouclée. Des coteaux du district d’Hérens à Vevey, un aller-retour de 170 km, entièrement à sa charge, qu’elle a déjà multiplié par dix. Diane Tell décline à tous les modes et sur tous les temps sa joie de vivre et de participer à l’événement quadricentenaire. «Dès que je suis arrivée en Suisse, j’ai tout de suite eu envie de faire des choses avec les gens, de partager avec eux, de découvrir le pays à travers eux. Quand tu es accueillie quelque part, il faut savoir donner de toi-même en retour. Tu n’es pas dans un hôtel», estime celle qui chante la passion de la vie et de la découverte.
«On dit que si vous avez une coccinelle dans la main et qu’elle s’envole dès que vous l’ouvrez, votre vœu sera exaucé. Ce n’est pas une légende. C’est la vérité. Je peux en témoigner», affirme Diane Tell, reine du peuple de l’herbe jusqu’au début d’août, tournée française oblige…
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